samedi 23 février 2013

Défaite en musique : khaled doublé par Enrico





 Victoires de la musique


Khaled doublé par Enrico
 

Khaled n'a finalement pas obtenu de trophée dans la catégorie "Musiques du monde" où il faisait partie des quatre nommés aux "Victoires de la musique". C'est un duo malien qui l'a emporté, mais la politique a sans doute joué son rôle dans le choix du jury.
 


Nous sommes allés en conquérants au Zénith de Paris, assurés d'en revenir en triomphateurs, et brandissant le fameux trophée tant convoité des "Victoires de la musique". Avec un peu de chance, ajoutait notre père, nous pouvions même nous retrouver assis non loin de Françoise Hardy, et bénéficier des gros plans sur elle. On verrait à Alger qu'on y était vraiment et qu'on n'en parle pas pour la frime, pour "taper le genre". Nous y sommes tous allés, jeunes et moins jeunes, parce qu'il y avait Khaled, l'Algérien, et qu'il devait gagner en tant que tel. Ce n'est pas tous les jours qu'un grand artiste algérien monte sur les podiums français, et la période de disette risquait de durer. Alors, il fallait être là, non seulement pour Khaled, mais surtout pour l'Algérie, "One, two, three !".
Ce n'est pas de la politique, ça, Monsieur, c'est de l'amour, et ça ne se mélange pas ! On nous devait une revanche, après la déroute de notre équipe de football à la C.A.N. Et puis d'abord, il avait les faveurs des pronostiqueurs qui le donnaient gagnant d'une encolure, assénait Papa qui ne joue jamais aux courses. Nous y sommes allés, et Khaled était déjà là, souriant à s'en décrocher les zygomatiques, comme à son habitude. Un sourire de vainqueur, aurait dit ma sœur qui a failli gagner l'année dernière au "Juste prix", version algérienne. Seulement avec Khaled, c'est dur de deviner pourquoi il sourit, puisque c'est permanent chez lui. Tous ensemble nous lui avons fait le petit signe de victoire, mais il ne nous a pas reconnus, tant pis! Nous sommes venus quand même, et "Viva l'Algérie!".
 C'est Laurent Ruquier, l'humoriste, qui animait la soirée télévisée en direct sur "Francer 2", avec une certaine Virginie Guillaume. Oui, nous y sommes allés, mais nous en somme revenus bredouilles, et sans la moindre statuette, à placer dans la vitrine de notre salon national. Alors qu'il semblait mener la course en tête, avec une large avance, Khaled a été doublé et battu par…le Mali. Je dis bien le Mali, parce que c'est le tandem malien, Amadou et Mariam, qui l'a emporté, et parce que, finalement, la politique s'en est mêlée. On ne parle que du Mali, ici, depuis que l'armée française y est, et que les médias en parlent. Comment voulez-vous que les membres du jury qui désigne le vainqueur ne soient pas influencés par l'actualité ambiante? Et puis, le duo malien a déjà gagné une fois aux "Victoires", et ça n'aurait été que justice qu'ils s'effacent devant Khaled, mais la politique…
La preuve : c'est que tout était prêt dans la salle, avec des suffragettes brandissant des panneaux du drapeau malien. D'accord, Amadou et Mariam, ont un certain talent, mais leur tube "Africa, mon Afrique" pâlirait de jalousie si on lui opposait "Wahrane", interprétée par Khaled. C'est politique, et c'est toute la famille qui était d'accord, vendredi soir, pour le dire, et même que Maman, catégorique comme à son habitude, a conclu : "il n'aurait pas du y aller". Qu'importe, puisque Khaled avait l'air d'avoir digéré mieux que nous l'échec, si c'est le terme idoine pour parler de notre déconvenue. Par la suite, il est monté sur scène, mais pour y remettre un trophée d'honneur à Enrico Macias, non sans nous avoir "interprété" la chansonnette de "L'oriental" en duo.
Mon père pense tout haut que Khaled et Enrico chantant séparément, d'accord, mais en tandem, bonjour les dégâts. Enrico, on veut bien le croire, lorsqu'il clame qu'on "m'appelle l'oriental parce que je suis un sentimental", mais Khaled, qu'est ce qu'il a à voir ? Oran, la jouvencelle, qui a donné son cœur à Khaled, depuis qu'il a chanté pour elle, sur les traces vocales de l'inoubliable Wahbi, doit en frémir d'entendre cette chanson de vieux. Heureusement qu'il y a la télévision, et ses animateurs, pour donner l'illusion, le temps d'un soir et d'une chanson, que les choses ne vont pas si mal. En fin de compte, Khaled n'a pas gagné, certainement à cause du Mali, un peu à cause d'Enrico, qui joue plus le rôle d'arrière "tacleur" que de passeur décisif, comme dirait Hallilodzic.
D'accord Khaled, tu es reparti, bredouille comme nous, mais il n'y a aucune raison d'abdiquer: si tu nous fais une belle chanson, que tu arrives à feinter Enrico, et à te libérer de son marquage, tu gagneras. Et pas forcément aux "Victoires de la Musique", et puis que diable, tu n'auras pas forcément les mêmes pesanteurs politiques contre toi. Regarde : même François Hardy, l'idole de Papa, n'a rien obtenu, vendredi soir, au Zenith. Allez, au boulot ! Et gagne-nous quelque chose en 2014 ! L'idéal, ce serait que tu remportes la mise, que Carla Bruni soit nommée pour l'un des trophées, et qu'elle ne gagne rien. Du coup, toute la famille crierait "Cheh" à Sarkozy, pour l'ensemble de son œuvre, et défilerait sur les Champs- Elysées pour célébrer notre victoire. A condition que la politique ne s'en mêle pas, bien sûr.
S.A

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