Je me sens piégé par cette histoire de la télévision
El-Atlas,
parce que je suis partagé entre une indignation légitime, celle du
journaliste épris de liberté, et une colère non moins légitime à l'égard des
patrons de la chaîne qui m'ont privé, en tant que journaliste, de l'honneur
insigne de figurer parmi les victimes collatérales d'un acte de censure. Je
m'explique : le 18 décembre dernier, les patrons de la chaîne, à savoir MM.
Hichem Boualouche et Tarek Yahiaoui, décident brusquement de mettre la clé sous
le paillasson. Sur le moment, le jeu consistait à faire porter le chapeau à la
présentatrice du J.T en français (pré-enregistré), à cause d'une erreur stupide
(l'était-elle vraiment) de diffusion d'un prémontage (qui aurait agrémenté le
bêtisier de fin d'année) au lieu de la version finale du J.T. Quelques jours
plus tard, les deux responsables de la chaîne, tout en ressassant leur rancœur
contre la présentatrice du J.T, m'ont informé qu'ils suspendaient momentanément
la diffusion, "parce qu'il n'y avait plus d'argent". Ce qui aurait
achevé de me convaincre, si je ne l'étais déjà, que s'il y avait préméditation,
ce n'était pas du fait de la rédactrice en chef du J.T., hâtivement et
mystérieusement élevée à la dignité de bouc-émissaire (quoique biche serait
mieux seyant en ce qui la concerne). Nous nous somme donc quittés, sans trop
d'animosité, avec la promesse de leur part de régulariser ma situation, et
notamment en matières de cotisations sociales pour la période de six mois sur
laquelle on s'était entendue. Deux courriels de relance envoyés quelques
semaines plus tard sont restés sans réponse, et j'ai compris alors que les deux
lascars avaient décidé, au mieux de m'ignorer. En revanche, la chaîne s'est
remise à diffuser, avec en vedette un "trail" d'une série américaine
à succès "The Walking Dead". Pour moi, cette bande annonce était tout
un symbole, en dehors de l'allusion à qui vous savez. Voilà pourquoi je suis
furieux contre cette violence qui m'est faite de devoir me solidariser avec "Atlas
TV", sachant que ses dirigeants ne méritent pas tant d'égards, et de
sympathie, du moins de mon point de vue personnel. Voilà pourquoi je pleure sur
la seconde fermeture de la chaîne, et la deuxième charrette de chômeurs en
moins de trois mois, et que j'écrase en catimini une larme de crocodile sur le
sort, moins incertain, de ses deux responsables.
(Texte publié le mercredi 12 mars 2014 sur Face Book)
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