mercredi 27 mars 2013
jeudi 21 mars 2013
Islamophobe, non, musulmanophobe, j'y suis presque.
La semaine dernière le téléphone sonne chez moi (j'habite à Paris), je décroche; une dame apparemment jeune d'après la voix me demande si je suis bien la personne qu'elle cherche, je lui réponds que oui, et que jusqu'à plus ample informé, je m'appelle bien comme elle a dit, elle. Très bien, Monsieur, enchaîne-t-elle, je vous appelle parce que nous sommes uns association, et nous nous chargeons de sensibiliser les musulmans comme vous aux bienfaits de la "médecine prophétique", notamment la "Rokia". "Désolé, Madame, mais qui vous dit que je suis musulman?...". Elle raccroche aussitôt sans me laisser le temps de finir ma phrase. En fait, Mademoiselle, si vous m'aviez écouté jusqu'au bout, vous auriez su que je ne suis pas effectivement un musulman comme vous voudriez que je le sois. Je viens en France, précisément pour rechercher un peu de tranquillité, fuir précisément vos tentatives incessantes de m'entraîner de force vers l'époque, où vous voulez vivre, en communauté assiégée, comme à Médine. Je ne suis pas un musulman comme vous avez décidé de l'être, envers et contre tous, en dépit du bon sens, de la raison, et des avancées considérables de l'humanité. Mademoiselle, vous m'excuserez, mais moi, quand je prends le métro, c'est pour aller plus loin, ce n'est pas pour exhiber un minuscule exemplaire du Coran, à peine lisibles à la loupe, et faire semblant de m'abîmer dans sa lecture. Et puis, de quel droit et sous prétexte que je me prénomme Ahmed, vous obstinez-vous à vouloir me convertir à toutes ces simagrées, dont vous voulez à tout prix attribuer la paternité à l'Islam, et que vous cherchez à imposer par la parole, sinon par l'épée? En fait, ce que vous devriez cacher sous le voile, la vraie partie honteuse, ce n'est pas votre chevelure, c'est cette étrange religion que vous pratiquez, et à laquelle vous voulez convertir tous les musulmans. Je vais vous dire une chose, Mademoiselle, et après ça, je ne vous dirai
plus rien : si le prophète Mohamed avait agi comme vous le faîtes,
l'Islam n'aurait pas franchi les murs de La Mecque !
mercredi 20 mars 2013
"Djihadistes modérés", sur le chemin de Damas
Ma contribution à la journée de la francophonie, et au dictionnaire francophone:
"Djihadistes modérés" : néologisme
inventé par les médias français pour distinguer les "bons djihadistes"
syriens, qui ne tuent que des Syriens, et les "mauvais djihadistes" du Mali, qui tuent et prennent en otages des
Français. "Djihadistes modérés" est utilisé avec l'aval du Qatar, et
de l'Arabie saoudite, et la bénédiction de l'industrie française d'armements. Ceci,
en attendant de recevoir l'agrément d'Obama, des Frères musulmans d'Egypte, et
de Bernard Henri-Lévy.
mardi 19 mars 2013
Plus ça change, moins ils changent
19 mars 1962 – 19 mars 2013
Plus ça change, moins ils changent…
Cinquante et un ans que ça dure, cinquante et un an que les
nostalgiques de l'Algérie française entretiennent la haine, et propageant leur
bile, à travers toute la France, et sur deux générations, au moins. Cinquante
et un ans qu'ils commémorent, toujours avec les mêmes mots, les mêmes refrains,
sans une seule minute consacrée à ouvrir leurs yeux, à desceller la dalle, imposée
à leur humanité. Pas une petite minute, ni même quelques secondes arrachées à
la haine, et à la soif de revanche sur une Histoire qui a pourtant choisi les
siens. Une histoire qui leur a dit, et
qui leur répète sans cesse et toujours, que le colonialisme est la pire des
dominations, un système ignominieux qui fait fi de la vie, et de la volonté des
peuples conquis.
Une histoire qui leur dit qu'après cent trente ans d'occupation et d'exploitation
colonialistes, le peuple algérien était légitimement fondé à se libérer par la
violence. La violence de la lutte armée, seule alternative laissée aux peuples
colonisés, et principalement à l'Algérie, pour briser les chaînes, et se
libérer d'un système de domination impitoyable. La violence révolutionnaire, en
riposte à l'accumulation des violences commises par la colonisation française,
et au nom de la France, durant plus de cent trente ans. Or, voici qu'après plus
d'un demi-siècle de glorification de la colonisation, d'érection de stèles à la
mémoire des tueurs de l'O.A.S, les revanchards n'ont toujours pas renoncé.
Fils, petits fils, ou descendants de colons, avec toute l'horreur
attachée à ce mot, les nostalgiques de "l'Algérie de papa" n'ont
toujours rien appris. Le monde a changé, autour d'eux, la France a changé,
leurs enfants ont changé, mais ils sont toujours là, à exhaler la même rancœur.
Et à déverser le trop-plein de racisme qui les submerge, en attendant de les
étouffer. Cette année encore, à l'occasion de la commémoration de l'entrée en
vigueur du cessez-le-feu en Algérie, les fans de l'OAS se rappellent au bon
souvenir des médias. Le Front national leur étant apparu comme un cadre trop
étroit pour eux, ils ont migré vers l'Union pour un mouvement populaire
(U.M.P), à la faveur de la reprise en main du parti par Sarkozy et consorts.
Dans l'opposition, depuis la défaite de son chef aux élections
présidentielles, l'U.M.P. chasse ouvertement, désormais, sur les terres lepénistes,
quand il ne conclut pas d'alliances électorales avec le F.N. Ce n'est donc pas
un hasard si les premiers refus de commémorer le 19 mars, et les décisions de mettre
les drapeaux en berne en signe de deuil émanent d'élus de l'U.M.P. Pour ces
derniers, il ne s'agit plus d'hommage aux victimes de la guerre d'Algérie, sur
toute la durée de cette guerre, mais de rouvrir d'autres plaies. Affligés d'une
mémoire sélective, et propice aux amnésies, ces nouveaux ultras, héritiers d'un
gaullisme défroqué, ne veulent s'intéresser qu'à la période qui va du
cessez-le-feu à l'indépendance, et plus loin encore si possible.
Juste ce qu'il faut pour impliquer et stigmatiser l'Algérie et les
Algériens, juste pour reprendre l'entreprise de blanchissage de leur sanglante
façade. Pour cela, ils ont un sujet idéal, exploité jusqu'à la corde, mais
toujours accrocheur, celui des "Harkis". Durant près d'un demi-siècle
le filon reposait sur le "sort injuste" fait à ces supplétifs, et à
leurs familles, par une France dont ils avaient porté les armes. Avec un
ensemble quasi parfait, la France officielle, à travers ses relais médiatiques,
n'a pas prononcé le moindre mot, ni fait une quelconque allusion au rôle de
"Harkis", pendant cette guerre. On a sciemment laissé dans l'ombre la
participation de ces supplétifs aux opérations de ratissage, aux actes de
torture, et aux exactions sur les populations désarmées.
Les faiseurs d'opinions ont fermé pudiquement les yeux sur les
véritables raisons qui ont poussé la majorité de ces "Harkis", à
prendre les armes contre leurs propres frères. Il n'y avait ni amour de la
France, ni fidélité au drapeau français, dans ces engagements, il y avait
seulement des motivations beaucoup moins nobles, et plus terre-à-terre. On peut
parler de désir de vengeance, et il y en eut, de mauvaises appréciations des
enjeux et des perspectives d'avenir, mais dire que les "Harkis" ont
aimé la France, et se sont battus pour elle, c'est faire croire qu'ils sont les
descendants directs des premiers soldats français débarqués à Sidi-Fredj. Or,
il est reconnu, et dans toutes les chapelles, que dans "l'Algérie de
papa", on ne se mélangeait pas, pas plus que ne se sont mélangés, les
harkis rapatriés, et leurs "compatriotes" français.
On peut d'ailleurs admettre que si les "Harkis" sont quelque
part des victimes, ils le sont effectivement, mais ils sont des victimes de
l'ingratitude française. La raison, et l'histoire commandent de s'en tenir à
cela. Car les présenter comme des "victimes innocentes" des
"méchants fellaghas algériens", c'est travestir l'histoire, et
entretenir un malentendu nuisible pour leur propre descendance. Quant aux
tentatives maladroites de certains enfants de Harkis qui revendiquent, contre
vents et marées, un statut de héros pour leurs parents, elles sont encore moins
acceptables.
Les Algériens ont montré qu'ils savaient tourner la page, en
accueillant après l'indépendance tous les "Harkis", qui n'avaient pas
commis des exactions majeures. De même qu'ils n'ont jamais cédé à la tentation
de considérer leurs enfants, comme responsables des errements de leurs parents.
Ceux d'entre eux qui s'acharnent aujourd'hui à hisser leurs pères sur des cimes
qu'ils n'ont jamais ambitionné d'atteindre sont en train de se fourvoyer. En
s'obstinant à présenter leurs pères comme des héros, dont ils seraient les
dignes héritiers et d'ardents défenseurs, ces enfants de harkis envoient un
seul message aux Algériens. Et ce message décodé, le voici dans toute sa
cruauté : "Tels pères, tels fils".
jeudi 14 mars 2013
Le 8 mars, on en parle encore !
Kiosque arabe
Le 8 mars, on en parle encore !
La semaine dernière, il était trop tôt pour parler du 8
mars, et des femmes, mais il n'est pas trop tard pour en parler trois jours
après. D'autant plus que je n'ai pas raté l'occasion sur mon blog (http://ahmedhalli.blogspot.com/),
que je viens de réanimer, après avoir épuisé toutes mes réserves de rancœur, et
cessé de ruminer des projets de revanche, que je sais irréalisables. La page
étant tournée, avec quelques déchirures dues à des pulsions irrésistibles, je
suis parti en quête des promesses de renouveau arabe que seules les femmes
peuvent tenir. Oui, les pays arabes ont tous célébré le 8 mars, et ils le
feraient plutôt deux fois qu'une, puisqu'il ne revient que l'année d'après, et
que d'ici là les engagements formulés du bout des lèvres auront été oubliés. Il
serait intéressant d'ailleurs de regarder les statistiques des violences faites
aux femmes, des viols et des avanies
diverses qu'elles subissent dans la rue, pour les obliger à retourner
s'enfermer. C'est souvent ce qui leur arrive, d'ailleurs, juste en rentrant d'un meeting, d'une
rencontre où on leur aura seriné que la femme a arraché des "droits
inaliénables". Et elles marchent toujours, même si les trottoirs sont
encombrés par des gamins stupides et bornés, qui leur montrent la voie à
suivre, celle qui conduit aux cuisines, ou à la chambre à coucher.
De l'espoir, il y en a encore, et
il y a des femmes qui ne se privent pas d'y croire, de le dire, et de
l'entretenir. Comme ces femmes d'Égypte, qui se sont constituées en comités de
défense, et apprennent à se défendre contre le harcèlement sexuel. Elles
refusent la ségrégation et l'enfermement qu'on veut leur imposer au nom d'une
conception machiste de l'Islam. "Nous ne sommes pas "Aawra"
(parties honteuses) mais "Rawaa (merveilles)", proclament-elles en
intervertissant les caractères du mot cher aux misogynes. J'ai aussi aimé
celui-là : "Non ne dis pas "Aawra", la voix de la femme est
"Thaoura" (révolution). Ou bien celui-ci : "Nous avons fait la
révolution, et nous pouvons témoigner que les "Frères musulmans l'ont
confisquée". La chroniqueuse libanaise Dalal Al-Bizri qui vit, la plupart
du temps au Caire a répertorié plus d'une trentaine de mots d'ordre de ce type,
dans le quotidien de Beyrouth, "Al-Moustakbal". Ce qui ressort fondamentalement
de ces slogans revendicatifs, même s'il n'est pas textuellement exprimé, note
notre consœur, "c'est la chute du prestige moral dont jouissaient les
"Frères musulmans du temps de Moubarek. Et ce, parce qu'ils se réclamaient
du "juste milieu", affichaient leur "modération", et leur
"crainte de Dieu". Les voilà qui perdent leur magnétisme politique, ainsi
que la rectitude morale dont ils se prévalaient, et qui leur a permis de faire
croire aux électeurs qu'ils s'exprimaient au nom de Dieu".
8 mars encore : l'écrivaine koweïtienne,
Dalaa Moufti, a apporté sa contribution sur le site "Shaffaf", avec
quelques notes acerbes sur les pays arabes, dont voici quelques-unes :
-
Dans nos pays, les hommes de
religion, se préoccupent de tout ce qui peut réprimer la femme, et ils
abandonnent ses droits, ceux de l'enfant, du pauvre, et du faible à qui veut
bien se sentir concerné (si tant est qu'il existe).
-
Dans nos pays, on ne voit de la
femme que son corps, son visage, sa voix, son poignet, ses yeux marqués au
kohol, et ils oublient qu'elle pense et qu'elle a de l'esprit.
-
Dans nos pays, nous exigeons que
les non-musulmans appliquent les lois de notre religion, mais lorsque nous
vivons en Occident, nous rejetons leurs lois, et nous cherchons à leur imposer
les nôtres.
-
Dans nos pays, nous célébrons la
mort, les guerres, et même les défaites (après avoir changé leur nom), et nous
faisons la guerre à quiconque célèbre la vie.
-
Dans nos pays, il y a beaucoup de
rancune, de colère et de sang, et un tout petit peu d'amour.
Dans la même veine, je vous propose
quelques extraits de la confession plaintive d'une jeune fille arabe
célibataire, appelons là Ahlem, publiée sur le site "Free-Arabs", sous
la plume de Sanaa Elaji. Ahlem est montrée du doigt, parce qu'à trente ans,
elle n'est pas encore mariée :
" Mon problème, c'est que je
suis célibataire. Le dictionnaire de la langue arabe me considère comme
"vieille fille", mais je n'accepte pas ce terme de "vieille
fille", c'est une expression misérable. Je suis une célibataire. Et le
célibat pour moi est beaucoup plus qu'un statut familial, administratif ou
légal. C'est ce choix qui te permet de décréter que ton bonheur ne s'arrête pas
nécessairement à un seul être. Je suis celle qu'on considère comme une mineure
à vie, mais qui refuse qu'on exerce sur elle une quelconque tutelle; sous
prétexte qu'elle est née avec un appareil génital féminin, dans une société qui
a peur du corps féminin et qui le recouvre d'un voile répressif". L'autre
gros problème de la jeune fille, c'est sa mère : "Ça ne l'intéresse pas
que je sois aujourd'hui une ingénieure en informatique respectée dans une des
grandes entreprises économiques de mon pays. Il lui importe peu que mon salaire
mensuel soit le quintuple de celui que perçoit mon père, petit fonctionnaire,
dans une administration locale. Je reste, à ses yeux, une femme qui a échoué
tant qu'un homme ne vient pas frapper à notre porte pour demander ma main à mon
père".
De la femme, il est encore question
avec cette anecdote qui est rapportée dans un livre récent sur Khaddafi, écrit
par l'un de ses anciens ministres de l'éducation, un certain
"douktour" Akil Hussein Akil. A l'occasion de la célébration de la
fête nationale en Russie, Khaddafi, avait délégué son premier ministre à
Moscou, avec mission de rencontrer Poutine, et de lui demander la main de sa fille, pour le rejeton du guide
libyen, Saïf-Al-Islam. Il devait faire valoir les bénéfices mutuels qui
résulteraient de cette alliance pour les deux pays, en particulier pour la
Russie. Ainsi, les portes de la Libye s'ouvriraient-elles en grand devant les
entreprises et les investissements russes. Poutine, qui ne voyait pas du tout
en Khaddafi, le nouveau Prophète de l'Islam qu'il croyait être, rejeta
évidemment cette alliance assez encombrante. Une autre anecdote qui révèle le
degré de mythomanie du personnage : après
le déclenchement de la rébellion, il a envoyé un émissaire à ses chefs
pour leur proposer de se démettre au profit de son fils Seïf Al-Islam. En
échange, il demandait à être proclamé empereur, avec l'appui cet argument
spécieux : après tout, le Japon est un État moderne qui a un empereur, pourquoi
ce ne serait pas le cas en Libye?
A.H.
mercredi 13 mars 2013
A propos de harkis
Vous trouverez dans le format PDF du journal "Confluences", et en page 2 le laïus que j'ai publié sur Face Book, en réponse aux tentatives de blanchiment du passé des harkis par une progéniture agressive et présomptueuse. Bonne lecture :
http://algerie-confluences.com/
http://algerie-confluences.com/
mardi 12 mars 2013
lundi 11 mars 2013
vendredi 8 mars 2013
Qu'on se le dise : Dehbia est revenue !
Cela faisait des semaines, des mois, que nous errions du côté du
Sentier, comme des âmes en peine, en quête d'une présence, d'une ombre,
orphelins, non pas d'une mère ou d'un père, mais d'une égérie, d'une figure. La
Grappe d'Orgueil, rue Montorgueil la
piétonnière, n'avait plus le même attrait, le même magnétisme qui nous attirait
irrésistiblement vers ce bistrot, sans prétentions autres que culturelles. La
"Grappe d'Orgueil", on y allait naturellement, et on s'y donnait
rendez-vous, aussi naturellement, ceux qui habitaient à Paris, ou ceux qui
venaient d'Alger ou d'ailleurs.
Durant les folles années de jeunesse, on se retrouvait "Chez
Saada", qu'on suivait, comme son ombre, de quartier en quartier, de
bistrot en troquet, où les amitiés, les amours aussi, se nouaient et se dénouaient.
C'est d'ailleurs, un Saada en retraite, qui m'a "livré" un jour chez
Dehbia, comme un legs à transmettre à une héritière. C'est ainsi que ça se
passait, puisque les anciens de "Chez Saada", s'étaient tous fait
muter "Chez Dehbia". Ça va, le vieux, on a assez parlé de toi ! Je
parlais donc de prétentions culturelles, parce que "Chez Dehbia", c'est
l'enseigne qui trottait dans nos têtes, on pouvait rencontrer des auteurs de
livres, des romanciers, des artistes et des cinéastes.
Les derniers à en être, avant la clôture de la saison, et l'apparition
du mot fin en bas du générique, ont été, me semble-t-il, nos amis Rachid
Boudjedra et Boudjema Karèche. Mais oui, Merzak, c'est bon d'avoir des amis, et
même de se faire avoir par eux, c'est un peu le sel de la vie. Tu me suis ?
Avant que je n'oublie, il me semble t'avoir aperçu d'ailleurs, lors de la très
belle, et très fastueuse soirée, avec "Rimitti", celle qui a fait
d'une injonction de bistrot un titre de gloire. Elle m'avait invité à faire
quelques pas de danse avec, elle, comme l'a fait jadis Dorothy Mazuka, au
"Play-Boy" d'Hararé, juste avant que les Mugabé et consorts n'en
fassent un désert.
Je sais, je sais, mon succès auprès de ces dames t'a toujours fait de
l'ombre, pour ne pas dire exacerbé, mais ça te passera, comme aux autres,
Merzak. Mais revenons à Dehbia, si tu le veux bien, et même si tu n'étais pas
son préféré. Non ! Dehbia ne nous a pas quittés brusquement, comme le ferait
une mère indigne, ou une maîtresse papillonnante et volage. Il n'y avait rien
de tout ça chez notre Dehbia. Cela faisait même longtemps qu'elle disait
vouloir se retirer, changer d'air, voyager, visiter des continents lointains,
autrement qu'en regardant, et en accueillant les touristes du quartier. Mais
elle le répétait si souvent qu'on avait fini par ne plus y croire, et à finir
une conversation, au téléphone, avec la sempiternelle phrase : "Alors, on
se voit chez Dehbia?".
Eh bien, non, on ne se verra plus "Chez Dehbia", mais on aura
quand même l'impression d'y être, puisqu'elle sera avec nous, Dehbia, ou nous
serons avec elle ! Quand même, il est resté un peu de mélancolie dans l'air,
pas celle qui étouffait Léo Ferré, mais une mélancolie douce-amère. Même Aïssa
qui habite juste à côté, et qui craignait chaque fois qu'il passait dans la rue
Montorgueil, de tomber dans une embuscade éthylique, manifestait son dépit à sa
manière. Chaque fois qu'il rentrait à "La Grappe d'Orgueil", il criait,
à la cantonade :" Dehbia n'est pas là?". Ce qui ne devait pas faire
très plaisir aux nouveaux propriétaires.
Bon ! Séchez vos larmes et arrêtez vos lamentations ! Dehbia est revenue,
hors saison et bien après le Père Noël, mais elle est revenue, cédant aux appels,
et aux injonctions qu'elle recevait par S.M.S. Des appels où les mots,
lâcheuse, traîtresse, abandon d'orphelins, etc., revenaient inexorablement.
Alors, Dehbia, notre Dehbia, a entendu nos prières : elle nous est revenue, encore
mieux que Mathilde, en promettant de nous retrouver plus souvent. Mardi
dernier, 5 mars, elle a invité tous ses amis à une soirée "Raï", dans
une des nouvelles rues branchées du 11ème arrondissement.
Là, où des artistes comme
Yahiatène, Dahmane El-Harrachi, ou Salah Saadaoui, chantaient jadis l'errance
et l'exil. Le nom du lieu, et du chanteur importent peu, puisque nous étions
pour un soir "Chez Dehbia", mais je vous les donne quand même : il
s'agit du "Chat noir" (inutile de ricaner les Algérois) pour le
café-concert, et le chanteur est "Cheb Hocine". En tout cas, lui, il
a le droit au titre de "Cheb", puisqu'il porte encore beau, et qu'il
n'a pas besoin de travaux de réhabilitation et de ravalement de façade, comme
un certain ex "Cheb", ami, "à la vie à la mort d'jis!", du
vieil Enrico. Enfin, "Cinq dans l'œil des envieux !", et tant pis
pour les absents, et les misanthropes boudeurs, il y avait une ambiance
formidable, avec du monde, et du beau monde. Nous avons dansé pendant plus de
deux heures, Dehbia en meneuse de revue, et nous nous sommes réveillés le
lendemain avec des courbatures, mais le cœur chaud. "Cinq dans l'œil du
diablotin, qui sommeille à l'intérieur des gandouras!".
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