Victoires de la musique
Khaled
doublé par Enrico
Khaled
n'a finalement pas obtenu de trophée dans la catégorie "Musiques du
monde" où il faisait partie des quatre nommés aux "Victoires de la
musique". C'est un duo malien qui l'a emporté, mais la politique a sans
doute joué son rôle dans le choix du jury.
Nous
sommes allés en conquérants au Zénith de Paris, assurés d'en revenir en
triomphateurs, et brandissant le fameux trophée tant convoité des
"Victoires de la musique". Avec un peu de chance, ajoutait notre
père, nous pouvions même nous retrouver assis non loin de Françoise Hardy, et
bénéficier des gros plans sur elle. On verrait à Alger qu'on y était vraiment
et qu'on n'en parle pas pour la frime, pour "taper le genre". Nous y
sommes tous allés, jeunes et moins jeunes, parce qu'il y avait Khaled, l'Algérien,
et qu'il devait gagner en tant que tel. Ce n'est pas tous les jours qu'un grand
artiste algérien monte sur les podiums français, et la période de disette
risquait de durer. Alors, il fallait être là, non seulement pour Khaled, mais
surtout pour l'Algérie, "One, two, three !".
Ce
n'est pas de la politique, ça, Monsieur, c'est de l'amour, et ça ne se mélange
pas ! On nous devait une revanche, après la déroute de notre équipe de football
à la C.A.N. Et puis d'abord, il avait les faveurs des pronostiqueurs qui le
donnaient gagnant d'une encolure, assénait Papa qui ne joue jamais aux courses.
Nous y sommes allés, et Khaled était déjà là, souriant à s'en décrocher les zygomatiques,
comme à son habitude. Un sourire de vainqueur, aurait dit ma sœur qui a failli
gagner l'année dernière au "Juste prix", version algérienne.
Seulement avec Khaled, c'est dur de deviner pourquoi il sourit, puisque c'est
permanent chez lui. Tous ensemble nous lui avons fait le petit signe de
victoire, mais il ne nous a pas reconnus, tant pis! Nous sommes venus quand
même, et "Viva l'Algérie!".
C'est Laurent Ruquier, l'humoriste, qui
animait la soirée télévisée en direct sur "Francer 2", avec une
certaine Virginie Guillaume. Oui, nous y sommes allés, mais nous en somme
revenus bredouilles, et sans la moindre statuette, à placer dans la vitrine de
notre salon national. Alors qu'il semblait mener la course en tête, avec une
large avance, Khaled a été doublé et battu par…le Mali. Je dis bien le Mali,
parce que c'est le tandem malien, Amadou et Mariam, qui l'a emporté, et parce
que, finalement, la politique s'en est mêlée. On ne parle que du Mali, ici, depuis
que l'armée française y est, et que les médias en parlent. Comment voulez-vous
que les membres du jury qui désigne le vainqueur ne soient pas influencés par
l'actualité ambiante? Et puis, le duo malien a déjà gagné une fois aux
"Victoires", et ça n'aurait été que justice qu'ils s'effacent devant
Khaled, mais la politique…
La
preuve : c'est que tout était prêt dans la salle, avec des suffragettes
brandissant des panneaux du drapeau malien. D'accord, Amadou et Mariam, ont un
certain talent, mais leur tube "Africa, mon Afrique" pâlirait de
jalousie si on lui opposait "Wahrane", interprétée par Khaled. C'est
politique, et c'est toute la famille qui était d'accord, vendredi soir, pour le
dire, et même que Maman, catégorique comme à son habitude, a conclu : "il
n'aurait pas du y aller". Qu'importe, puisque Khaled avait l'air d'avoir
digéré mieux que nous l'échec, si c'est le terme idoine pour parler de notre
déconvenue. Par la suite, il est monté sur scène, mais pour y remettre un
trophée d'honneur à Enrico Macias, non sans nous avoir "interprété"
la chansonnette de "L'oriental" en duo.
Mon
père pense tout haut que Khaled et Enrico chantant séparément, d'accord, mais
en tandem, bonjour les dégâts. Enrico, on veut bien le croire, lorsqu'il clame qu'on
"m'appelle l'oriental parce que je suis un sentimental", mais Khaled,
qu'est ce qu'il a à voir ? Oran, la jouvencelle, qui a donné son cœur à Khaled,
depuis qu'il a chanté pour elle, sur les traces vocales de l'inoubliable Wahbi,
doit en frémir d'entendre cette chanson de vieux. Heureusement qu'il y a la
télévision, et ses animateurs, pour donner l'illusion, le temps d'un soir et
d'une chanson, que les choses ne vont pas si mal. En fin de compte, Khaled n'a
pas gagné, certainement à cause du Mali, un peu à cause d'Enrico, qui joue plus
le rôle d'arrière "tacleur" que de passeur décisif, comme dirait
Hallilodzic.
D'accord
Khaled, tu es reparti, bredouille comme nous, mais il n'y a aucune raison
d'abdiquer: si tu nous fais une belle chanson, que tu arrives à feinter Enrico,
et à te libérer de son marquage, tu gagneras. Et pas forcément aux
"Victoires de la Musique", et puis que diable, tu n'auras pas
forcément les mêmes pesanteurs politiques contre toi. Regarde : même François
Hardy, l'idole de Papa, n'a rien obtenu, vendredi soir, au Zenith. Allez, au
boulot ! Et gagne-nous quelque chose en 2014 ! L'idéal, ce serait que tu
remportes la mise, que Carla Bruni soit nommée pour l'un des trophées, et
qu'elle ne gagne rien. Du coup, toute la famille crierait "Cheh" à
Sarkozy, pour l'ensemble de son œuvre, et défilerait sur les Champs- Elysées
pour célébrer notre victoire. A condition que la politique ne s'en mêle pas,
bien sûr.
S.A
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