Hanoune et Mokri : le Coran ne passe pas |
Il
y a des islamistes qui s'emploient avec une énergie rare à vous démentir, sitôt
que vous oubliez qui ils sont et que vous pensez, à tort, que ces gens-là pourraient
sans doute s'accommoder de la démocratie. C'est le cas de Mokri Abderrezak, le
leader du M.S.P. ou H.M.S, autrement dit Hamas, ce qui le positionne
clairement, par rapport aux islamistes arabes. Personnage affable, en complet-veston,
mais sans cravate (il n'a pas besoin d'un nœud papillon pour prier), Mokri
offrait le visage de cet "islamisme modéré" que l'Occident s'acharne
à nous vendre. Pour mieux coller à cette image, Abderrezak Mokri s'efforçait
d'intégrer durablement dans son vocabulaire des mots honnis comme démocratie,
pluralisme, alternance, etc. De quoi se laisser prendre, mais il arrive que le
naturel que l'on peine à réfréner comme le bras du Dr Folamour, vous tombe
dessus sans crier gare, et c'est l'erreur historique.
Dans une lettre à Louisa
Hanoune, candidate à l'élection présidentielle du 17 avril prochain, Dr Mokri a
cédé la place à Mister Al-Baz (Ibn), en criant haro sur Louisa, non parce
qu'elle a brouté l'herbe du talus, mais pour avoir tenu un verre devin. La
belle affaire ! Voilà que non contente de jouer au "Grand Huit", en
s'étourdissant à son propre vertige, Hanoune a aurait bu un verre de vin à
Paris.
Cheikha Mouza : avouez qu'entre elle et Louisa ya pas photo |
Et
ce geste irréparable, que dis-je fatal, n'a pas échappé au regard acéré d'un musulman
pur et dur qui se trouvait là, par le plus grand des hasards. Un musulman qui
sait toutefois reconnaître le vin à sa couleur, puisque Louisa ne se serait pas
donné la peine, comme tout le monde, d'entourer son verre d'une serviette en
papier. Ce n'est pas, à proprement parler un coup de Jarnac, puisque de tels
traits font partie de la panoplie connue des islamistes. C'est simplement un
coup bas, de ceux qui sont défendus aussi bien sur un ring que dans une arène
politique, un coup bas indigne qui pue l'ignorance crasse, autant que la misogynie.
Je suis sûr que M. Mokri en connait plus sur le vin, et sur les buveurs, qu'il
veut en laisser paraître, mais il sait comment discréditer une femme aux yeux
d'une société, jadis croyante, aujourd'hui outrageusement pratiquante. Une
société formatée selon le bon vouloir de ceux qui pensent qu'une femme allumant
une cigarette dans la rue, est un spectacle intolérable pour un terroriste
repenti. Peut-être seraient elles plus avisées de renoncer à la cigarette, et
de se mettre au tabac à chiquer, une des autres plaies de notre société. C'est moins
voyant discret, mais beaucoup plus
salissant qu'une cigarette, et il n'est pas sûr, toutefois, que les hommes-piliers
apprécieraient.
Vous
avez remarqué la tiédeur avec laquelle j'ai défendu Louisa Hanoune (1), malgré
ma proximité assidue avec les amateurs de vins, et autres félicités, promises
aux bons croyants. Je n'aime pas beaucoup le Qatar, qui ressemble pour moi à
une lointaine comète perdue dans une lointaine, mais riche galaxie. En raison
de cet éloignement, le Qatar, aurait du, selon moi, s'occuper à gérer, d'une
main sa surcharge pondérale, et de l'autre des clubs de football, ce qui semble
lui réussir le mieux. Au lieu de cela, le Qatar
veut faire la révolution partout, alors qu'elle gronde sous ses fenêtres,
avec l'ambition de bouleverser le cycle des saisons, et de faire pousser du
fumier sur le supposé "croissant fertile". C'est pour cette unique
raison que je n'aime pas le Qatar, ni son émir, ni sa chaîne de télévision,
avec l'opulence voilée de Bengana, et les certitudes figées de Fayçal Al-Kassem (2). Cependant, si la critique acerbe contre
l'émir, Karadhaoui, et autre, est légitime, et même recommandée, elle ne doit
pas franchir certaines limites. Or, depuis quelques mois, des attaques directes
fleurissent, si le mot est de mise, sur les réseaux sociaux, et visent
uniquement la personne de Mouza, l'épouse légitime et officielle du prince
régnant.
Cette
semaine, c'est l'acide et sulfureux propriétaire de la chaîne égyptienne
"Al-Faraeen", Tewfik Okacha, qui a pris le relais des informations,
fausses ou avérées, circulant sur le NET, et concernant Mouza. Tewfik Okacha,
ancien député du Parti national démocratique, au pouvoir sous Moubarek, s'était
mué en pourfendeur du système finissant, avant de devenir un adversaire résolu
du président islamiste déchu, Mohamed Morsi. Sa chaîne au titre ambitieux,
renvoyant aux pharaons de l'ancienne Égypte, et rejetant le pouvoir des
"Frères musulmans", avait été suspendue durant plusieurs mois. Depuis
son retour, Tewfik Okacha a repris son répertoire traditionnel, y ajoutant
cette fois-ci un soutien résolu à Abdelfattah Sissi, prochain candidat, et très
certainement vainqueur, aux élections présidentielles. Comme le Qatar est avec
les "Frères musulmans" contre Sissi, Tewfik Okacha n'a pas hésité à
emboîter le pas aux détracteurs de la "Cheikha Mouza". En homme
pieux, et tel qu'il se présente, il ne s'est pas arrêté aux insinuations des
internautes sur les frasques, et les aventures extra-conjugales, prêtées à la
belle Mouza. Ce n'est d'ailleurs pas son genre, mais sachant que l'effet
boomerang peut jouer de ce côté-là, il a joué une seule notre : Mouza ne serait
pas Mouza!
Tewfik
Okacha affirme, en effet, que l'épouse officielle et actuelle de l'émir du
Qatar pourrait être une certaine Salia Younès, espionne du Mossad, et de la
CIA, et vice-versa. Il s'accroche fermement à cette hypothèse, et il exige même
que des prélèvements d'A.D.N soient effectués sur la supposée Mouza et sur les
enfants du couple. Ceci, pour déterminer s'il n'y a pas eu, à un moment ou à un
autre, substitution de personne, et donc de l'espionne à l'épouse authentique
et légitime. Et si le procédé de l'ADN est rejeté par le Qatar, Tewfik Okacha
qui n'est jamais à court d'arguments propose mieux : demander aux actrices
égyptiennes qui ont rencontré récemment la "Cheikha", et l'ont
embrassée, si la peau de ses joues était humide ou sèche. Et il nous explique
que si la joue est humide, c'est la preuve incontestable que ce n'est pas la
vraie Mouza qu'elles ont rencontrée, mais l'espionne américano-israélienne
Salia Younès. Si la peau est sèche, en revanche, comme celle d'une femme à
l'orée de la cinquantaine, qui aurait subi un lifting, et c'est le cas de
Mouza, ce serait la preuve qu'elle est authentique. Ouf! Un vrai conte des
mille et une nuits, comme on devrait y croire puisque la réalité, autour de
nous, est plus burlesque, voire ubuesque, et qu'elle menace de tourner, à
terme, au tragique.
A.H.
(1)
La façon dont elle a traité récemment un confrère sur un plateau de télévision
n'a pas augmenté de façon excessive ma sympathie à son égard, mais elle est
femme, quoi qu'on en dise. Par principe, je n'aime pas certaines formes de misogynie,
bardées de certitudes religieuses, et enclines à la violence.
(2)
Selon un confrère arabe, Fayçal Al-Kassem qui a hésité un moment avant de
déclarer la guerre à Bechar Al-Assad, aurait une connexion spéciale avec le potentat
de Syrie. Ainsi, chaque fois que l'animateur d'Al-Djazira annonce que Béchar se
terre dans son palais à Damas, ce dernier s'organise une visite de terrain, avec
un bataillon de caméramans.